Replay. À l'occasion du second tour des élections municipales à Riedisheim (Haut-Rhin), France 3 Alsace a organisé un débat le vendredi 19 juin un débat. Les candidats sur le plateau ont échangé sur leurs positions et les enjeux locaux.
Riedisheim (Haut-Rhin, voir carte ci-dessous) doit élire son nouveau ou sa nouvelle maire le dimanche 28 juin 2020. À l'occasion de ce second tour des élections municipales, France 3 Alsace organisait un débat le vendredi 19 juin, arbitré par notre journaliste Géraldine Dreyer. Voici ce qu'il faut en retenir.
Ce débat porte sur les grands enjeux des municipales riedisheimoises. Parmi eux , la forte densification urbaine : le prix du foncier entraîne la construction de nombreux immeubles là où il y a encore de la place, au détriment des espaces verts par exemple (des statistiques sont à retrouver dans la vidéo située plus bas au-dessus des portraits). L'extension critiquée d'un supermarché en est un symbole. Elle est défendue par le maire sortant Hubert Nemett, devancé au premier tour par les très critiques Loïc Richard et Didier Riff (à retrouver en intégralité dans la vidéo ci-dessous).
Bien qu'en difficulté, Hubert Nemett ne se laisse pas démonter : "Il y a un contexte particulier à ce premier tour. Avec une abstention record de 70%, alors que d'habitude, les Riedisheimois votent plutôt plus que la moyenne. Et on est à la mi-temps. Avec un résultat qui est celui qu'on avait avant le premier tour : on était tous à égalité aussi." Loïc Richard ne l'entend pas de cette oreille : "Ce qu'il faut retenir pendant ce premier tour, c'est le message qui nous a été envoyé : deux habitants sur trois qui sont allés voter ont décidé de ne pas reconduire l'équipe municipale." Didier Riff est du même avis : "Il y a une certitude : c'est un rejet net et sans équivoque."
Autre banderille plantée dans le dos du maire sortant par Didier Riff : "[La gestion du Covid], rien à redire... Ça a été adroitement exploité par l'équipe en place. Il y a un certain nombre d'initiatives qui ont été prises. Quand on appelle les personnes âgées en disant [qu'on] appelle de la part de monsieur le maire, la cible - les objectifs - sont clairement définis."
Deux habitants sur trois qui sont allés voter ont décidé de ne pas reconduire l'équipe municipale.
Interrogé sur l'éventuelle alliance entre sa liste et celle de Loïc Richard, Didier Riff réplique : "Pas de tambouille politique à Riedisheim !" Quant à Hubert Nemett, son avis sur cette alliance qui n'a pas abouti est tranché : "J'aurais été surpris [de cette alliance], car c'est quand même un peu le mariage de la carpe et du lapin. À part le fait qu'il faut nous dégager, je ne vois pas trop [leurs] points communs."
L'extension du supermarché permet à chacun de camper sur ses positions. Le maire sortant défend cette "locomotive" bec et ongle : "Louer [ce] terrain nous amène une évolution de loyer de 100.000 euros par an. [...] Cette manne nous permet de financer les travaux du tennis." Mais Didier Riff n'en veut pas : "On réduit les perspectives de développement des commerces de proximité." Idem pour Loïc Richard : "Nous avons un Super U qui est à taille humaine. Il suffit, pour les habitants. Aujourd'hui, plus personne ne veut des hypermarchés de 4.500 m² où vous perdez un temps fou pour trouver ce que vous voulez. La crise du Covid a montré l'émergence de nouveaux modes de distribution : circuits courts, Amap, marchés."
Les chiffres du premier tour
Le débat oppose les trois candidats tous en tête du premier tour, qui a eu lieu le dimanche 15 mars. Il s'agit de :
- Loïc Richard (DVC, Agir aujourd'hui), avec 34.35% des voix
- Didier Riff (DVC, Riedisheim vous d'abord), avec 33.11% des voix
- Hubert Nemett (DVD, Ensemble pour Riedisheim), maire sortant, avec 32.53% des voix
Un tiers des voix pour chacun des candidats et aucune alliance n'a émergé. Le résultat du second tour tient donc dans un mouchoir de poche. Et le maire sortant, arrivé en troisième position, se retrouve en difficulté.
Le taux de participation était de 32.46%. Lors des municipales de 2014, il était de 53.68%. La situation sanitaire est moins préoccupante que lors du premier tour, et la clé de la victoire réside dans le vote des abstentionnistes du 15 mars.
Hubert Nemett (DVD)
Hubert Nemett (Ensemble pour Riedisheim) est âgé de 56 ans. Cet ingénieur est devenu maire en 2014, et veut continuer "car le travail n'est pas fini".
Il projette de créer un éco-quartier, et d'installer la police municipale dans de nouveaux locaux. L'extension d'un supermarché fait aussi partie de ses projets à long terme.
Loïc Richard (DVC)
Loïc Richard (Agir aujourd'hui) est âgé de 46 ans. Dans sa carrière de cadre (notamment chez Total), il s'est illustré en démissionnant pour protester contre la politique de son employeur (dans le cas de Total, le naufrage de l'Erika par exemple), et en se prononçant en faveur de la protection des lanceurs d'alerte. Il est élu au conseil municipal depuis 2014, et a travaillé auparavant sur la transition énergétique.
Il a pour priorités, en matière d'éthique, de lancer un audit des finances de la ville et d'engager un déontologue. Opposé au projet du maire d'étendre le supermarché, il souhaite l'abandonner au profit "du petit commerce et des circuits courts".
Didier Riff (DVC)
Didier Riff (Riedisheim vous d'abord) est âgé de 60 ans. Il est cadre et c'est sa première élection. Il a lancé sa liste avec comme binôme Simone Wachs-Niemerich, conseillère municipale.
Il dénonce un "manque de transparence" de la part du maire sortant. Il propose d'ouvrir les cours d'écoles aux enfants pour qu'ils puissent y jouer (en dehors des périodes scolaires) et d'en finir avec la "bétonisation" du centre-ville.
Neuf débats à suivre dans les grandes villes d'Alsace
France 3 propose ce type de débats dans de nombreuses grandes et moyennes villes de France (voir carte ci-dessous). En Alsace, les débats ont lieu avec les candidates et candidats de :
- Mulhouse (Haut-Rhin), le lundi 15 juin
- Ostwald (Bas-Rhin), le mardi 16 juin
- Wissembourg (Bas-Rhin), le mercredi 17 juin
- Sélestat (Bas-Rhin), le jeudi 18 juin
- Riedisheim (Haut-Rhin), le vendredi 19 juin
- Colmar (Haut-Rhin), le lundi 22 juin
- Illkirch (Bas-Rhin), le mardi 23 juin
- Kaysersberg (Haut-Rhin), le mercredi 24 juin
- Strasbourg (Bas-Rhin), le jeudi 25 juin
Le second tour des élections municipales n'a lieu que dans 14% des communes françaises, les autres ayant déjà (ré)élu leur maire dès le premier tour.